Le vol d’Alalu à bord d’un vaisseau spatial armé de têtes nucléaires
Il choisit pour destination Ki, la septième planète (la Terre) La raison pour laquelle il s’attend à trouver de l’or sur Terre
La cosmogonie du système solaire L’eau et l’or de Tiamat
L’apparence de Nibiru depuis l’espace
Alalu découvre l’or et tient le sort de Nibiru entre ses mains
Représentation babylonienne de la Bataille Céleste
Alalu mit le cap sur la Terre couleur de neige. C’est un secret des Commencements qui lui avait fait choisir cette destination.
Il parvint dans à la zone interdite, là où personne ne s’était jamais aventuré.
Personne n’avait jamais tenté de traverser le Bracelet Martelé.
C’est un secret des Commencements qui guidait sa route.
Le sort de Nibiru était entre ses mains et s’il réussissait, il pourrait régner sur tout l’univers!
En exil loin de Nibiru, il risquait la mort mais les dangers ne lui faisaient pas peur.
Si son plan réussissait, il serait récompensé par la gloire éternelle.
Volant comme un aigle, Alalu scrutait les cieux. Au-dessous de lui, Nibiru ressemblait à une balle suspendue dans le vide.
Elle était belle, son éclat illuminait les cieux environnants.
Sa masse était impressionnante, ses volcans crachaient du feu.
L’enveloppe qui la protégeait, teintée de rouge, était agitée comme un océan.
Au milieu, bien distincte, la faille ressemblait à une sombre blessure.
Il regarda à nouveau en dessous de lui. La faille n’était plus qu’une égratignure.
Un autre regard, et la grande boule de Nibiru n’était pas plus grosse qu’un fruit.
Au dernier coup d’œil, Nibiru avait déjà été happée dans l’obscurité.
Le cœur d’Alalu était en proie au remords, la peur le tenait dans sa main. La décision se muait en hésitation.
Il envisagea de s’arrêter, mais retrouva sa détermination.
Le char parcourut des centaines, des milliers, des dizaines de milliers de lieues.
Dans l’immensité des cieux, l’obscurité était d’un noir d’encre. Au loin, des étoiles lui faisaient des clins d’œil.
Alalu continua son chemin. Soudain, une vue réjouissante s’offrit à lui:
L’émissaire céleste était là pour le saluer!
Le petit Gaga, « Celui qui montre le chemin », était sur sa route, accueillant.
Gaga est destiné à passer devant et derrière le céleste Antu de sa démarche penchée.
Il a deux visages, selon qu’il est incliné vers l’avant ou vers l’arrière.
Alalu considéra la face qu’il lui présentait lors de leur première rencontre comme un bon présage.
Il avait l’impression que les dieux célestes lui souhaitaient la bienvenue.
Dans son vaisseau, il suivait le chemin tracé par Gaga, en direction du deuxième dieu des cieux.
Bientôt la céleste Antu, ainsi nommée par le roi Enshar, surgit de l’obscurité.
Aussi bleue que l’eau pure, elle est à l’origine des Eaux du Dessus.
La beauté de la vue réjouit Alalu, qui poursuivit son chemin en se maintenant à une distance respectueuse.
Au loin, derrière Antu, Alalu commençait à percevoir le scintillement de son époux, aussi imposant qu’elle.
Parfait double d’Antu, An est reconnaissable à son bleu teinté de vert.
Un hôte éblouissant circule autour de lui, tous deux ont des sols fermes.
Alalu fit ses adieux aux deux célestes.
Il pouvait encore discerner la trajectoire de Gaga, montrant le chemin vers son ancien maître, auquel il faisait jadis office de conseiller.
L’itinéraire les menait droit vers Anshar, le Prince Héritier des cieux.
Le vaisseau s’était mis à accélérer, attiré par les anneaux aux couleurs vives d’Anshar!
Alalu détourna rapidement le regard pour ne pas perdre de vue « Celui qui montre le chemin ».
C’est alors qu’une vue des plus spectaculaires s’offrit à lui: au loin, il pouvait discerner la clarté de l’étoile du groupe!
Il découvrit ensuite une vision terrifiante: un monstre géant, sur sa trajectoire, avait jeté un sort voilant le Soleil. Kishar avait avalé son créateur!
Cela effraya Alalu, qui y vit un mauvais présage.
La masse du géant Kishar, première des Planètes Fermes, était impressionnante.
Sa surface était obscurcie par des tourbillons, des taches de couleur qui se déplaçaient.
Le dieu céleste était entouré d’innombrables satellites, certains lents, d’autres rapides.
Leurs trajectoires étaient erratiques, ils surgissaient de partout.
Kishar lui-même était ensorcelant avec ses divins éclairs.
Absorbé par la vue, Alalu dévia de sa route.
Puis l’obscurité commença à se dissoudre: Kishar poursuivait sa route et son destin.
Il se déplaça lentement, dévoilant le Soleil, « Celui qui existe depuis le Commencement ».
Mais la joie née dans le cœur d’Alalu fut de courte durée.
Il savait que le danger le guettait derrière la cinquième planète.
C’est là que se tapissait le Bracelet Martelé, prêt à le réduire en pièces!
Le Bracelet était formé de rocs et de rochers martelés ensemble, agglutinés comme des orphelins sans mère.
Surgissant de toute part, ils continuaient à suivre un destin pourtant révolu.
Ils se comportaient de façon répugnante et dangereuse.
Ils avaient dévoré les vaisseaux d’exploration de Nibiru comme des prédateurs.
Ils refusaient de céder le précieux métal dont la planète avait besoin pour survivre.
Le vaisseau d’Alalu se précipitait vers le Bracelet Martelé, déterminé à engager le corps à corps avec les féroces rochers.
Dans son vaisseau, Alalu agita plus fortement les Pierres de Feu.
D’une main ferme, il guida « Celui qui montre la voie ».
Les rochers menaçants se ruaient vers le vaisseau, comme l’ennemi charge pendant la bataille.
Alalu envoya un missile meurtrier dans leur direction.
Il déclencha les Armes de la Terreur les unes après les autres.
Tels des guerriers effrayés, les rochers reculaient, libérant un passage pour Alalu.
Comme par enchantement, le Bracelet Martelé ouvrait ses portes au roi.
Dans la nuit noire, Alalu distinguait clairement les cieux.
Le féroce bracelet n’a pas eu raison de lui, n’a pas mis fin à sa mission!
Au loin, le Soleil brillait.
Il envoyait ses rayons accueillants en direction d’Alalu.
Devant lui, une planète d’un brun rougeâtre poursuivait sa route. C’était le sixième des dieux célestes.
Alalu put à peine l’apercevoir, car l’astre s’écartait à vive allure de son chemin.
Enfin apparut la Terre couleur de neige, le septième des dieux célestes.
C’est vers elle que se dirigeait Alalu, vers la planète la plus accueillante.
Plus petite que Nibiru, sa force d’attraction était aussi moins forte.
Dans son atmosphère moins dense que celle de Nibiru tourbillonnaient des nuages.
En dessous, la Terre était divisée en trois zones:
Le blanc de la neige au-dessus et au-dessous, du bleu et du brun entre les deux.
Alalu déploya adroitement les ailes qui servaient à freiner le vaisseau afin de faire le tour du globe terrestre.
Dans la zone du milieu, il pouvait discerner des terres et des océans.
Il déclencha le « Rayon qui pénètre sous la surface » pour analyser les entrailles de la Terre.
– J’ai réussi! s’exclama-t-il, extatique.
Le rayon a détecté de l’or, tant d’or sous la zone sombre, mais aussi sous l’eau!
Le cœur battant, Alalu devait prendre une décision:
Devait-il atterrir sur la terre ferme, et risquer de s’y écraser et d’y mourir?
Devait-il se poser sur l’océan, et risquer d’y sombrer?
Où était son salut? Découvrirait-il l’or tant convoité?
Dans son siège, Alalu était calme.
Il laissa le sort du vaisseau entre les mains du destin.
Livré au pouvoir d’attraction de la Terre, le char prenait de la vitesse.
Ses ailes déployées s’embrasèrent, l’atmosphère de la Terre était aussi brûlante qu’un four.
Puis le vaisseau se mit à trembler, émettant un grondement mortifiant.
Soudain, il s’écrasa et s’arrêta d’un seul coup.
Rendu inconscient par
les mouvements
du vaisseau, assommé par le choc de l’accident, Alalu ne bougeait
pas.
Puis il ouvrit les yeux et sut qu’il était encore parmi les vivants.
Il était arrivé sur la planète de l’or.
Je vais maintenant parler de la Terre et de son or. Je vais raconter le Commencement et la création des dieux célestes.
Au Commencement, lorsque dans les cieux les dieux n’avaient pas encore pris forme et que sous eux Ki, la terre ferme, ne portait pas encore de nom, seul existait le primordial Apsu.
Dans les hauteurs du Dessus, les dieux célestes n’avaient pas encore été créés.
Dans les eaux du Dessous, les dieux célestes n’étaient pas encore apparus.
Dessus comme Dessous, les dieux n’avaient pas encore été formés, les destinées n’avaient pas encore été décrétées.
Aucun roseau, aucun marécage n’étaient encore apparus.
Seul Apsu régnait sur le vide.
Puis Apsu mélangea les eaux primordiales à l’aide de ses vents et leur jeta un ingénieux sort divin.
Il plongea le néant dans un profond sommeil et se créa une épouse, Tiamat, la Mère-de-tous.
Mère céleste, Tiamat était une beauté d’eau.
Apsu créa ensuite le petit Mummu et en fit son messager, un cadeau pour Tiamat.
Il offrit à son épouse un présent resplendissant: un métal brillant, l’or éternel, qu’elle serait la seule à posséder.
Puis leurs eaux se mêlèrent et formèrent leurs divins enfants dans l’espace qui les séparait.
Les êtres célestes créés étaient mâle et femelle. Ils furent baptisés Lahmu et Lahamu.
Apsu et Tiamat établirent pour eux une demeure dans le monde du Dessous.
Avant que Lahmu et Lahamu n’aient atteint leur taille adulte, le couple céleste d’Anshar et Kishar fut formé dans les eaux du Dessus.
Ils étaient plus imposants que leurs aînés.
Dans les confins du ciel, ils eurent un héritier répondant au nom d’An.
Puis fut créée Antu, pour être son épouse.
An et Antu s’établirent à la frontière des Eaux du Dessus.
Il y avait donc trois couples divins, créés dans les profondeurs du Dessus et du Dessous.
Ils reçurent des noms. Avec Mummu et Tiamat, ils étaient la famille d’Apsu.
À cette époque, nulle trace de Nibiru.
Quant à la Terre, elle n’était pas encore née.
Les eaux célestes étaient mêlées, pas encore séparées par le Bracelet Martelé.
À cette époque, leurs trajectoires n’étaient pas encore fixées.
Les destinées des dieux n’étaient pas encore déterminées.
Ils se déplaçaient en groupe de façon imprévisible, ce qu’Apsu trouvait répugnant.
Tiamat, ne trouvant pas le repos, était mécontente.
Elle s’entoura d’une multitude de suivants.
Elle fit du premier né, Kingu, le chef de ses onze satellites.
Lorsque les dieux célestes l’apprirent, ils tinrent conseil.
– Tiamat a élevé Kingu au même rang qu’An!
– Sur sa poitrine elle a attaché une Tablette du destin pour le doter de son propre circuit et lui a ordonné de combattre les dieux.
– Qui osera l’affronter? se demandaient mutuellement les dieux.
Aucun d’entre eux ne dévia sa route, aucun d’entre eux n’était prêt à se battre.
C’est alors qu’un autre dieu fut engendré dans les Profondeurs.
Créé par un habile créateur, il était né dans une Chambre du Sort.
Il était le fils d’un autre Soleil.
Le dieu quitta en hâte sa famille et les Profondeurs où il était né.
Présent de son créateur, il portait en lui la Semence de la Vie.
Il partit pour le vide, à la recherche d’un nouveau destin.
C’est Antu, toujours vigilante, qui la première remarqua le divin voyageur.
Il était rayonnant, séduisant.
Princière était son allure.
Il était le plus grand d’entre eux, son orbite était la plus longue.
La première à le voir fut Antu, qui n’avait jamais engendré.
– Viens, sois mon fils! lui demanda-t-elle. Laisse-moi devenir ta mère!
Elle jeta son filet et l’invita à modifier sa course.
Ses mots remplirent d’orgueil le cœur du nouveau venu. Celle qui voulait l’élever le rendit prétentieux.
Sa tête doubla de volume, quatre membres surgirent de ses côtés.
Il bougea les lèvres en signe d’acceptation, soufflant un feu divin.
Il se mit en route en direction d’Antu. Bientôt, An le verrait. Lorsque An le vit, il s’écria:
– Mon fils! Tu accéderas au pouvoir, des serviteurs seront à tes côtés. Que Nibiru soit ton nom!
An salua Nibiru, se tournant pour le regarder passer. Il lui offrit quatre serviteurs: le Vent du Sud, le Vent du Nord, le Vent d’Est et le Vent d’Ouest.
Plein d’allégresse, An annonça à son aïeul Anshar l’arrivée de Nibiru. En entendant ces nouvelles, Anshar envoya Gaga, son émissaire, porter ses sages paroles à An et assigner une tâche à Nibiru.
Il chargea Gaga de mettre des mots sur ce qu’il ressentait, et de dire à An:
– Tiamat, qui nous a donné le jour, nous déteste désormais.
Elle a levé une armée, elle étouffe de rage.
Contre les dieux, ses enfants, onze guerriers marchent à ses côtés.
Parmi eux Kingu, auquel elle a offert une destinée bien qu’il n’y ait droit.
Son venin est plus puissant que n’importe lequel d’entre nous. Tous, nous redoutons son armée.
Demandons à Nibiru de nous venger!
Qu’il terrasse Tiamat et sauve nos vies!
Attribuons-lui un sort, et laissons-le affronter notre terrible ennemi!
Gaga rejoignit An, se prosterna devant lui et lui répéta les paroles d’Anshar.
An dévoila le message de Gaga à Nibiru, répétant les paroles de son aïeul.
Nibiru l’écouta avec
émerveillement parler de cette mère prête
à dévorer ses enfants.
Bien qu’il ne dise rien, son cœur était déjà hostile à Tiamat.
Il répondit à An et à Gaga en ces mots:
– Si je sauve vos vies en vainquant Tiamat, que la suprématie de ma destinée soit proclamée au cours d’une assemblée.
Que le Conseil des dieux fasse de moi leur chef, que chacun se prosterner devant moi!
Lorsque Lahmu et Lahamu entendirent ces paroles, ils s’écrièrent:
– Quelle étrange demande! Que cela peut-il bien signifier?
Les dieux qui décrètent les destins se concertèrent.
Ils décidèrent de faire de Nibiru le Vengeur, et lui promirent un prestigieux destin.
– Qu’à partir de ce jour, tes ordres soient indiscutés!
– Qu’aucun dieu ne transgresse les limites de ton territoire!
– Pars, Nibiru, sois notre Vengeur! lui dirent-ils.
Ils tracèrent pour lui un chemin princier jusqu’à Tiamat, le bénirent et lui confièrent des armes redoutables.
Anshar lui offrit trois vents supplémentaires: le Vent Mauvais, le Tourbillon et le Vent sans pareil.
Kishar emplit son corps d’une flamme incendiaire, un filet dans lequel envelopper Tiamat.
Ainsi préparé pour la bataille, Nibiru se mit directement en route vers Tiamat.
Je vais maintenant raconter la Bataille Céleste, la naissance de la terre et le destin de Nibiru.
Le seigneur progresse, suivant son destin.
Face à Tiamat la furie, il prononça un sort.
Pour se protéger, il avait emporté le Pulser et l’Émetteur.
Sa tête était couronnée d’une lueur terrifiante.
Il posta à sa droite « Celui qui châtie », à sa gauche « Celui qui repousse ».
Il envoya les Sept Vents, son armée, comme une tempête, et se précipita vers Tiamat, prêt au combat.
Les dieux se pressaient autour de lui puis s’écartaient de son passage.
Il était le seul à s’avancer pour analyser Tiamat et ses suivants, pour deviner le plan de Kingu, le commandant de son armée.
Lorsqu’il aperçut le vaillant Kingu, sa vue se brouilla.
Alors qu’il regardait les monstres, il dévia de sa trajectoire, ses mouvements devinrent confus.
Tiamat était ceinturée de près par sa bande, qui tremblait de terreur.
Tiamat se secoua, émettant un rugissement féroce.
Elle jeta un sort à Nibiru, l’enveloppa avec un charme.
Il était maintenant impossible d’éviter la bataille. Ils se retrouvèrent face à face, s’avancèrent l’un vers l’autre.
C’est pour se battre qu’ils se rapprochaient, pour un combat décisif.
Le seigneur lança son filet pour emprisonner Tiamat, qui, comme possédée, hurlait de fureur.
Nibiru libéra le Vent Mauvais, qui se tenait derrière lui, et le dirigea contre Tiamat.
Elle ouvrit la bouche pour l’engloutir, mais ne pouvait plus la refermer.
Le Vent Mauvais emplit son ventre, trouva ses entrailles.
Les entrailles de Tiamat hurlaient, son corps se distendait, sa bouche était grande ouverte.
Par l’ouverture Nibiru tira une flèche brillante, un éclair divin.
La flèche transperça ses entrailles de Tiamat, déchirant son ventre et son cœur.
Ayant réussi à la maîtriser, il éteignit le souffle de vie qui l’habitait.
Nibiru étudia le corps sans vie. Tiamat gisait maintenant telle une carcasse égorgée.
Aux côtés de leur maîtresse sans vie, les onze suivants tremblaient, terrifiés.
Ils étaient pris dans le filet de Nibiru, incapables de fuir.
Kingu, que Tiamat avait fait commandant de son armée, était parmi eux.
Le seigneur le mit aux fers, l’enchaîna à sa maîtresse.
Il lui ravit les Tablettes de la Destinée, qu’il ne méritait pas, y imprima son propre sceau et les attacha à sa poitrine.
Il fit captifs les autres suivants de Tiamat, les piétina et les réduit en pièces. Il les lia à son orbite,
les fit voyager à contresens pour qu’ils tournent autour de lui.
Nibiru quitta alors le champ de bataille, pour annoncer sa victoire aux dieux qui l’avaient mandaté.
Il tourna autour d’Apsu, se rendit auprès de Kishar et Anshar.
Gaga vint le saluer, puis s’en retourna annoncer la nouvelle aux autres.
Nibiru se rendit dans les Profondeurs, au-delà d’An et d’Antu.
Il réfléchit au sort de Tiamat et de Kingu, puis revint sur ses pas.
Il approcha Tiamat, s’arrêta devant son corps sans vie.
Il se préparait à découper ingénieusement le monstre.
Il l’ouvrit en deux comme une huître, séparant le haut et le bas de son corps.
Il découpa ses canaux internes, émerveillé par ses veines dorées.
Foulant aux pieds la partie inférieure du corps de Tiamat, il détacha complètement la partie supérieure.
Il convoqua son aide le Vent du Nord et lui ordonna de jeter la tête coupée dans le néant.
Le Vent de Nibiru survola Tiamat, déferla sur ses eaux.
Nibiru lança un éclair, envoya un signal au Vent du Nord.
Dans un éclat la partie supérieure de Tiamat fut transportée vers une région inconnue.
Kingu fut exilé avec elle, pour tenir compagnie à la partie sectionnée.
Nibiru considéra alors la partie inférieure de Tiamat.
Il voulait qu’elle témoigne pour toujours de sa victoire, qu’elle marque à tout jamais dans les cieux le lieu du combat.
Armé d’une masse il la tailla en pièces qu’il lia entre elles pour former le Bracelet Martelé.
Il les condamna à rester ensemble et à servir de gardiens.
Un firmament pour séparer les eaux des eaux.
Le Bracelet habilement martelé par Nibiru sépare les eaux supérieures des eaux inférieures.
Le Seigneur traversa ensuite les cieux pour en étudier les différentes régions.
Il mesura la distance entre les demeures d’Apsu et de Gaga, puis examina la frontière des Profondeurs, le lieu où il était né.
Il marqua une pause, hésitant, puis s’en retourna lentement vers le Firmament, là où avait eu lieu l’affrontement.
Passant à nouveau sur le domaine d’Apsu, il fut assailli de remords à la pensée de sa défunte épouse.
Son regard se posa sur ce qu’il restait du corps blessé de Tiamat.
La partie supérieure attira son attention. L’Eau de Vie, le don qu’elle avait reçu, continuait à jaillir de ses blessures.
Les rayons d’Apsu faisaient briller ses veines dorées.
Nibiru se souvint alors de la Graine de Vie que son créateur lui avait confiée.
Lorsqu’il avait piétiné Tiamat, lorsqu’il l’avait déchiquetée, il avait dû la lui transmettre!
Il s’adresse à Apsu en ces mots:
– Guérissez ces blessures avec la chaleur de vos rayons.
Que la vie surgisse à nouveau dans ce corps brisé, accueillez une nouvelle fille dans votre famille.
Que les eaux se rassemblent en un lieu, que surgisse la terre ferme!
Donnons-lui le nom de Ki, en honneur de cette terre ferme.
Apsu fut sensible aux paroles de Nibiru.
– Que la Terre fasse partie de ma famille, dit-il. Qu’elle porte désormais le nom de Ki, Terre-ferme-du-dessous.
Que sa rotation fasse naître le jour et la nuit. Mes rayons apaiseront sa douleur pendant la journée. Kingu, créature de la nuit, veillera sur elle dans l’obscurité.
Que la Lune accompagne la Terre pour toujours.
Nibiru écouta les paroles d’Apsu avec satisfaction.
Il traversa les cieux et en étudia les contrées.
Il attribua aux dieux qui l’avaient élu des positions permanentes.
Il conçut leurs orbites afin qu’elles ne se gênent ni ne s’éloignent les unes des autres.
Il renforça les verrous du ciel et construsit des portes des deux côtés.
Il choisit pour résidence le lieu le plus éloigné, si éloigné que même Gaga ne pouvait l’y rejoindre.
Il demanda à Apsu de lier cette grande orbite à son destin.
De leur poste,
les dieux s’exprimèrent:
– Que la souveraineté de Nibiru n’ait pas de limites!
– Que le plus rayonnant des dieux devienne le vrai Fils du Soleil!
Depuis sa demeure, Apsu lui donna sa bénédiction:
– Que Nibiru garde le passage entre les Cieux et la Terre, qu’il prenne le nom de Passage!
– Que la souveraineté de Nibiru n’ait pas de limites!
Les dieux ne doivent jamais franchir la limite entre le Dessus et le Dessous.
Que Nibiru reste au centre, qu’il soit le gardien des dieux.
Qu’il mette un Shar pour parcourir son orbite. Que telle soit sa destinée!
Je vais maintenant raconter comment les Temps Anciens ont commencé. Je vais parler d’une ère connue dans les Annales sous le nom d’Âge d’Or, et des missions qui partirent de Nibiru vers la Terre en quête d’or.
Tout a commencé lorsque Alalu s’est enfui de Nibiru.
Il était doué d’une grande intelligence et avait acquis un grand savoir.
Son ancêtre Anshargal avait permis de rassembler de nombreuses connaissances sur les cieux et les orbites des planètes.
Ce savoir avait été approfondi par Enshar avant d’être étudié par Alalu.
Alalu s’était entretenu avec les sages, il avait consulté savants et commandants.
C’est ainsi qu’il avait acquis ses connaissances sur le Commencement.
L’or du Bracelet Martelé était la confirmation dont il avait besoin.
L’or du Bracelet Martelé prouvait la présence d’or dans la partie supérieure du corps de Tiamat.
Alalu atteignit victorieux la planète de l’or, son vaisseau s’écrasa dans un bruit de tonnerre.
Il analysa l’endroit avec un rayon afin de découvrir sa position.
Son vaisseau avait atterri sur la terre ferme, au bord d’un vaste marécage.
Il enfila un casque d’aigle et un costume de poisson, ouvrit le panneau mobile du vaisseau et s’arrêta pour réfléchir.
Le sol était sombre, le ciel était teinté de bleu et de blanc.
Seul le silence était là pour l’accueillir.
Il se tenait seul sur une planète étrangère, peut-être exilé de Nibiru à tout jamais!
Il se laissa glisser jusqu’au sol, posa le pied sur le sol sombre.
Il pouvait distinguer des collines dans le lointain, et il était entouré d’une végétation luxuriante.
Devant lui s’étendaient des marécages. Il s’y avança.
La fraîcheur de l’eau le fit frissonner, et il revint sur la terre ferme. Il était seul sur une planète étrangère!
Les pensées se bousculaient dans sa tête. Son épouse et ses enfants lui manquaient.
Serait-il exilé au loin de Nibiru pour toujours? Il se posa encore la question.
Il retourna rapidement au vaisseau pour boire et se nourrir, puis fut envahi par un sommeil de plomb.
Il ne sut jamais combien de temps il avait dormi, ni ce qui le réveilla.
Il pouvait percevoir une clarté au-dehors, un éclat inconnu sur Nibiru.
Il déploya une perche équipée d’un appareil de contrôle hors du vaisseau, qui lui indiqua que l’air de la Terre était respirable.
Il ouvrit le panneau mobile du vaisseau, et prit une inspiration.
Il inspira de nouveau, puis encore et encore. L’air de Ki convenait bel et bien aux Anunnakis!
Alalu applaudit et entama un refrain joyeux.
Il se laissa glisser au sol sans casque d’aigle et sans costume de poisson.
L’éclat qui régnait à l’extérieur était aveuglant: les rayons du Soleil étaient si puissants!
Il retourna au vaisseau et mit un masque pour protéger ses yeux.
Il emporta l’arme qu’il transportait ainsi que l’appareil de contrôle.
Il se laissa glisser jusqu’au sol, posa le pied sur le sol sombre.
Il avança en direction des marécages. Les eaux étaient d’un vert sombre.
Le marécage était bordé de galets. Alalu en prit un et le lança dans l’eau.
Il remarqua un mouvement: les eaux étaient poissonneuses!
Il plongea l’appareil de contrôle dans le marécage, pour analyser les eaux troubles.
Il fut déçu de découvrir que l’eau n’était pas potable.
Il s’éloigna du marais, et partit en direction des collines.
Il se fraya un chemin à travers la végétation. Les buissons cédèrent bientôt la place aux arbres.
L’endroit où il arriva ressemblait à un verger, les arbres étaient chargés de fruits.
Attiré par leur odeur sucrée, Alalu détacha un fruit et le porta à sa bouche.
Si son odeur était sucrée, son goût l’était plus encore! Alalu était ravi.
Alalu marchait dans la direction opposée au Soleil, vers les collines.
Il sentit quelque chose d’humide sous ses pieds, ce qui lui indiqua qu’il devait y avoir de l’eau à proximité.
Il se laissa guider par l’humidité, et découvrit une mare au milieu de la forêt, un étang aux eaux silencieuses. Il plongea l’appareil de contrôle dans la mare.
L’eau était potable!
Alalu se mit à rire. Un rire irrésistible s’empara de lui.
L’air était respirable, l’eau potable, il y avait des fruits, il y avait des poissons!
Alalu se pencha, recueillit un peu d’eau entre ses mains et la porta à sa bouche.
L’eau était fraîche et n’avait pas le même goût que celle de Nibiru.
Il but encore, puis s’éloigna d’un bond.
Il avait entendu un sifflement.
Près de la mare, un corps glissant se déplaçait! Il saisit l’arme qu’il avait emportée, et dirigea le rayon vers le sifflement.
Le mouvement s’interrompit, le sifflement aussi.
Alalu s’avança pour examiner le danger.
Le corps glissant ne bougeait plus, la créature était morte, offrant un spectacle des plus étranges.
Son corps était long comme une corde, et ne possédait ni bras ni jambes.
Des yeux féroces étaient plantés dans sa petite tête, et une longue langue pendait hors de sa bouche.
Alalu n’avait jamais rien vu de tel sur Nibiru. C’était une créature d’un autre monde!
Il se demanda s’il pouvait s’agir du gardien du verger, ou du maître de l’eau. Il collecta un peu d’eau dans le flacon qu’il transportait, et s’en retourna rapidement vers le vaisseau.
En chemin, il cueillit aussi quelques fruits.
La clarté des rayons du Soleil s’était atténuée.
Lorsqu’il atteignit le vaisseau, il faisait nuit. Alalu était étonné que le jour soit si court.
Au-dessus des marais, une lueur froide s’élevait au-dessus de l’horizon.
Le disque teinté de blanc montait rapidement dans le ciel.
Alalu contemplait maintenant Kingu, le compagnon de la Terre.
Il voyait de ses yeux ce qu’il avait appris en étudiant le Commencement: les planètes et leurs orbites, le Bracelet Martelé,
Ki la Terre, Kingu sa Lune. Elles avaient été créées, elles avaient été baptisées!
Dans son cœur, Alalu nourrissait l’espoir qu’une autre de ses convictions s’avère juste.
Il devait trouver l’or, le seul moyen de sauver Nibiru.
Si la légende du Commencement disait vrai, si les veines dorées de Tiamat avaient été entraînées par les eaux dans celles de Ki, sa moitié, il trouverait cet or!
Les mains tremblantes, Alalu détacha l’appareil de contrôle de la perche du vaisseau.
Il enfila nerveusement le costume de poisson, attendant avec impatience les premiers rayons du Soleil.
À l’aube, il quitta le vaisseau et s’avança rapidement vers les marécages.
Il s’aventura dans des eaux plus profondes et y plongea l’appareil de contrôle.
Il ne pouvait détacher le regard de son écran lumineux, son cœur battait dans sa poitrine.
L’appareil indiquait la composition de l’eau, révélant ses trouvailles sous formes de symboles et de chiffres.
Puis le cœur d’Alalu s’arrêta: l’appareil indiquait la présence d’or dans l’eau!
Vacillant sur ses jambes, Alalu avança, s’enfonçant plus loin dans le marécage.
Il plongea à nouveau l’appareil dans l’eau, et celui-ci annonça à nouveau la présence du précieux métal.
Un cri, un cri de triomphe, s’échappa de la gorge d’Alalu. Le sort de Nibiru était maintenant entre ses mains!
Il retourna au vaisseau, retira le costume de poisson, et s’assit dans le siège du commandant.
Il réveilla les Tablettes de la Destinée qui connaissent toutes les orbites, afin de trouver celle de Nibiru.
Il agita le « Transporteur de parole » pour communiquer avec Nibiru.
Il s’exprima ainsi:
– Le grand Alalu parle à Anu.
Je suis dans un autre monde, j’y ai découvert l’or qui peut sauver Nibiru.
Le sort de Nibiru est entre mes mains. Vous devez vous plier à mes exigences!
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